admin4411/upload/files/QUE SE PASSE-T-IL EN IRAN

admin4411/upload/files/QUE SE PASSE-T-IL EN IRAN  ?

Comme vous le savez, le peuple iranien s’est élevé contre trente ans de dictature et de bâillonnement. Le coup d’Etat d’Ahmadinejad-Khamenei a été une étincelle dans une poudrière de trente ans de colère et de dégoût du peuple iranien contre tout le système de la République Islamique. Cette lutte a pu s’assurer du soutien de tous les partisans de la liberté dans le monde entier et a su nourrir un espoir universel.

La machine répressive d’Ahmadinejad s’est mise en marche durant ces dernières semaines. Le régime veut se venger des jeunes qui ont affirmé leur opposition au mépris de la peur et de la mort. L’étendue de la répression est sans précédent : des dizaines de morts, des centaines de disparus et des milliers en détention dans des conditions déplorables. Les jeunes détenus subissent torture et sévices sexuels.  Certains ont été contraints à passer des aveux à l’antenne pour dire qu’ils sont payés par l’étranger, ou que leur intention était de participer à des pillages.

Aujourd’hui, en Iran, le culot, le crime et le massacre ne connaissent plus de frontières.

 

POURQUOI LE PEUPLE EST-IL REPRIME DANS LE SANG ?

Vaincre avec succès la volonté de tout un peuple qui a décidé le changement en s’exprimant par millions et qui ne veut supporter l’obscurantisme un jour de plus n’est guère chose facile. Le régime n’est doté d’aucun moyen pacifique pour faire face à cette volonté populaire ; aucun des leviers religieux classiques, fondés sur l’ignorance, ne fonctionne plus. Pour un régime ayant perdu toute légitimité, la répression pure et simple, la violence, est la seule méthode envisageable. Le gouvernement d’Ahmadinejad a ainsi pour but d’écraser par la répression toute manifestation de volonté populaire. Les shows télévisés où sont mis en scène les aveux de « repentis » sont destinés à anéantir l’audace et la confiance en soi que le peuple a pu gagner au cours des manifestations et des combats de rue. Des jeunes sont assassinés ou sommairement exécutés pour servir d’exemple à leurs camarades qui ont scandé leur opposition non seulement à Ahmadinejad mais, à travers lui, puis au-delà de lui, au régime de la République Islamique dans son intégralité.

La manifestation ostentatoire de la radicalité du régime, l’alignement sans réserves et sans ambiguïté du guide et de l’ensemble des institutions de la République Islamique derrière Ahmadinejad, ont servi de révélateur et ont formidablement augmenté les enjeux : qui veut bien ouvrir les yeux voit au grand jour que ce qui fait obstacle à la volonté du peuple n’est pas Ahmadinejad, mais à travers lui et au-delà de lui le régime tout entier qui fait corps.

La puissance de cette fronde populaire, qui menace aujourd’hui d’emporter l’ensemble du système, effraye jusqu’au candidat réformateur lui même. M. Mir Hossein Moussavi,  ne perd plus une occasion de donner des gages aux religieux ou d’inviter les gens à rentrer chez eux. Il s’inscrit dans le régime lorsqu’il déclare :

« notre histoire, pour regrettable qu’elle soit, est une querelle  familial »,

« je vous invite tous à la fraternité … notre victoire est liée à notre collaboration et à notre union … même ceux qui en face de nous exercent la violence profiteront de notre fraternité ».

M. Moussavi, inquiet de l’approfondissement de la lutte populaire insiste dans ses déclarations : « ne vous laissez pas séduire par les slogans visant à la casse du système … nous devons retourner à l’islam, l’islam pure de Mahomet, nous devons retourner à la Constitution… ». 

Or cette Constitution a pour caractéristique de considérer le peuple comme un troupeau et le vali faghih (le guide) comme le berger. Elle instaure la discrimination religieuse entre le chiisme et les religions minoritaires. Elle ne reconnaît aucun droit à une majorité de la population ; elle promeut ainsi l’esclavage des femmes, ces êtres voués à mettre au monde et destinés à élever des petits soldats de l’islam. Cette constitution, dans laquelle M. Moussavi souhaite instamment s’inscrire, consacre la loi contre laquelle s’élèvent aujourd’hui des millions d’iraniennes, fatiguées de l’ingérence des lois « divines » dans leur vie la plus intime comme dans leur tenue vestimentaire (hidjab obligatoire). Les iraniennes expriment aujourd’hui leur réprobation contre toutes les lois discriminatoires, contre les lois islamiques spécifiques que la Constitution islamique place au-dessus de la volonté populaire.

La propagande du régime peine à cacher que le conflit dépasse la confrontation entre un candidat réformateur et un candidat conservateur. Malgré les déclarations successives de M. Moussavi destinés à inciter les gens à rentrer chez eux, force est de constater que les jeunes continuent à combattre dans les quartiers, qu’ils affirment avec détermination et courage qu’ils iront jusqu’au bout « avec ou sans Moussavi ». C’est donc bien l’avenir du pays, et non celui de M. Moussavi qui est en jeu. Ce n’est que justice : le « candidat réformateur » a été premier ministre dans les années 80 ; proche de Khomeini, il a joué un rôle important dans la stabilisation et le renforcement de tout le régime islamique ; il fut surnommé « premier ministre du massacre » car c’est pendant son office que les forces politiques d’opposition au régime islamique ont été massacrées et notamment en été 1988, quand des milliers de prisonniers politiques ont été sommairement exécutés. Son but autodéclaré est « d’inviter à la révolution islamique comme elle existait [sous Khomeini] et à la révolution islamique comme elle devrait l’être ». Il insiste sur le fait que la meilleure période du régime islamique, était l’époque où Khomeini était en vie « pendant laquelle la société iranienne a connu la justice ultime et l’épanouissement » !

Il n’y a pas une once de progressisme, ni sans doute un grain de vérité dans les objectifs et le programme politique du candidat réformateur. Son conflit avec l’aile du coup d’Etat n’a plus rien à voir avec les intérêts du peuple iranien.

La scène politique iranienne est aujourd’hui très complexe. Des contradictions diverses s’interfèrent. Mais chaque jour qui passe révèle à de nouveaux combattants l’écart grandissant qui existe entre leurs aspirations et les objectifs de M. Moussavi.

Au cours des deux dernières semaines où ces jeunes radicaux ont mené dans les rues un combat sanglant avec les forces de répression du régime, « la vague verte » du candidat s’est pour sa part retranchée dans les maisons ou dans les mosquées. M. Moussavi s’est reclus dans un silence assourdissant ponctué de déclarations générales trahissant sa distanciation par rapport au mouvement de contestation populaire dont il ne souhaite nullement assurer le leadership.

Mais à l’étranger, la « vague verte » du candidat s’est montrée beaucoup plus prolixe et beaucoup plus active. Soudain, des forces étranges se sont mises en mouvement. De parfaits inconnus se sont subitement érigés en porte paroles des luttes populaires, cherchant à maîtriser et à canaliser les rassemblements de solidarité des Iraniens dans les pays occidentaux. Forts de leurs soutiens financiers et du soutien d’organisations et de personnalités connus dans les pays occidentaux, ils tentent de canaliser au bénéfice de M. Moussavi la puissante vague médiatique qui s’est créée à l’extérieur du pays. Ce faisant, ils essaient de réduire la lutte des iraniens à un conflit interne entre deux fronts de l’équipe dirigeante de la République Islamique. Abusant de l’ignorance dans laquelle se trouve souvent la jeune diaspora iranienne tant de l’histoire de son pays que du passé et de l’idéologie de M. Moussavi, utilisant le levier de l’intérêt légitime et heureux de l’opinion politique occidental pour les mouvements populaires en Iran, ils tentent de réduire la contestation à la couleur verte, avant sans doute de réduire la couleur verte au candidat Moussavi.

Le vert, couleur emblématique de l’espoir que fait naître le mouvement actuel pour un Iran libre, laïque et démocratique, ne redevient-il pas le vert symbole de l’Islam chiite lorsque ces parfaits anonymes empêchent les manifestants iraniens de l’étranger de brandir des slogans contre la République Islamique ou contre la théocratie ? Qui sont ces inconnus qui cherchent à canaliser l’énergie et le soutien des peuples progressistes de l’Occident et des Iraniens au bénéfice d’un candidat issu du régime au mépris de l’aspiration profonde des iraniens de l’intérieur comme de l’étranger qui est de mettre fin à un gouvernement théocratique et répresseur ?

 

QUI PEUT L’EMPORTER ?

Soutenir les luttes du peuple d’Iran, ce n’est pas prendre un drapeau vert et se rendre aux rassemblements. Soutenir les luttes du peuple iranien c’est crier ses revendications sur les pavés des rues d’Occident de sorte que sa voix et sa lutte émancipatrice trouve un juste écho partout dans le monde ; c’est revendiquer : la séparation de la religion et de l’Etat • l’abolition de toute loi réprimant les femmes • le droit à la liberté syndicale pour toutes les catégories sociales et notamment les ouvriers • l’abolition de la censure • la liberté d’expression et de pensée • la libération de tous les prisonniers politiques • le respect des droits des peuples opprimés et des minorités religieuses • le jugement des responsables et des commanditaires des crimes contre le peuple d’Iran perpétrés au cours des trente dernières années.

Ces aspirations ne pourront atteindre leur but qu’à la faveur de la suppression de ce régime fondé par Khomeini et consolidé pendant une décennie par la répression sanglante sous M. Moussavi.

Il y a 30 ans le peuple iranien a tenté une révolution contre le shah et contre l’impérialisme  pour changer le visage de l’Iran et à travers l’Iran celui du monde. Cette révolution a échoué lorsque les pays occidentaux ont dressé un piédestal à Khomeini et lui ont permis de se hisser au sommet de la vague soulevée par cette révolution. La révolution a ainsi été confisquée.

Aujourd’hui encore, alors que ce peuple se lève à nouveau pour se débarrasser d’un régime fondamentaliste religieux, des intérêts occultes se retrouvent pour promouvoir le renouvellement du régime en faillite de la République Islamique à travers un projet censé être « d’islam modéré » autour de M. Moussavi.

Quand certains politiciens occidentaux pour déclarer leur « solidarité » avec le peuple iranien portent la couleur verte, qu’il leur soit dit que par le port de ce signe, ils promeuvent un islam modéré et qu’ils insultent le peuple iranien en lui signifiant qu’il n’est pas digne d’une société libre et laïque.

VOUS, citoyens libres et progressistes vivant en Occident, vous pouvez jouer un rôle important dans les luttes du peuple iranien. Vous pouvez les soutenir et les aider à atteindre leurs aspirations réelles. VOUS pouvez dénoncer les organes et les forces politiques qui désirent maintenir la théocratie en Iran.

Enterrer le régime de la République Islamique est un devoir impérieux non seulement à l’égard de la majorité du peuple iranien en particulier de 30.000.000 de femmes mais cela représenterait un coup fatal aux forces fondamentalistes religieuses qui considèrent les femmes comme des esclaves.

Il y a 30 ans avec l’échec de la révolution et la prise de pouvoir des forces religieuses, non seulement la moitié de la population iranienne a été réduite en esclavage mais la prise de pouvoir des forces islamistes en Iran a donné l’occasion à une prise de pouvoir des forces fondamentalistes au Proche-Orient qui à son tour est devenu un facteur important dans le retour en arrière de la place des femmes dans ces sociétés.

NOUS, le peuple iranien, en particulier les femmes, avec l’aide de toutes les forces progressistes et démocrates du monde entier, souhaitons rejeter dans la poubelle de l’histoire ces émanations d’un autre âge. Un grand pas est en train d’être franchi dans la libération du peuple iranien, du Proche-Orient et du monde. Chaque pas progressiste de la part du peuple d’Iran vers une société libre, laïque et juste est un progrès pour toutes et tous les démocrates du monde POUR REALISER LE REVE D’UN AUTRE

 

 MONDE. 7 juillet 2009

 

ORGANISATION DES FEMMES DU 8 MARS (IRAN – AFGHANISTAN) www.8mars.com